Face à des Danois qui ont beaucoup de qualités et pas mal d’atouts, les Aigles de Carthage doivent gérer prudemment et intelligemment ce premier match couperet et déterminant.
«Il faudra gagner coûte que coûte contre le Danemark pour ouvrir la voie de la qualification au second tour, notre principal objectif pour cette Coupe du monde». On ne lit et on n’entend que cette recommandation qui met trop de pression sur les épaules de Jalel Kadri et de ses hommes. Comme si l’équipe de Kasper Hjulmand est une équipe ordinaire. Il suffit de se référer à son parcours pour sa septième qualification au Mondial (9 victoires et 1 défaite, 30 buts marqués contre 3 encaissés) pour revenir sur terre et à un peu d’humilité. On met la France comme premier adversaire redoutable et intouchable et on oublie ce Danemark qui a donné du fil à retordre aux Bleus de Didier Deschamps lors de la Ligue des nations, les ayant battus à l’aller (2 à 1 à Paris ) comme au retour (2 à 0 à Copenhague). Si on fait ce petit rappel, c’est pour que le staff technique de l’équipe de Tunisie ne se trompe pas d’approche et de combat pour ce match d’ouverture. Ce n’est pas une partie à emballer d’emblée pour tenter de prendre le taureau par les cornes, ni un adversaire à provoquer sans courir le danger de se faire prendre au piège et à la gorge. Il faudra aborder ce match comme une partie d’échecs où il va falloir être très prudent, assez rusé et faire preuve d’une grande intelligence sur le plan tactique pour contrecarrer le système et le plan de jeu de cette «Dynamite danoise» qui procède par combinaisons bien ficelées qui partent de l’arrière avec des joueurs qui bougent beaucoup. A l’image de la plaque tournante de leur défense Simon Kjaer (1m 90, 121 sélections), ce sont des joueurs très athlétiques, des bagarreurs de premier plan qui luttent sur tous les ballons et qui remportent la plupart des duels d’homme à homme.
Être efficace dans les deux surfaces
Jalel Kadri est donc bien averti. S’il a une équation à résoudre, c’est comment trouver ce difficile équilibre entre une défense qui doit être bien musclée et constamment vigilante et la nécessité de se projeter vers l’avant. Ça va être assez délicat et la solution n’est pas toute prête. Sur le plan défensif, le choix d’une charnière à trois est une formule bien appropriée pour fermer l’accès de notre but et dresser une barrière hermétique devant le portier Aymen Dahmen qui aura à annihiler pas mal de tirs cadrés adressés de tous les angles. Montasser Talbi est sûr d’être le pilier de cette formule avec sa capacité d’étaler sérénité et sang-froid et Yassine Meriah paraît indispensable pour ses qualités de batailleur acharné dans les duels en mesure de museler les attaquants les plus farouches, Jalel Kadri hésite encore pour le troisième homme de ce rideau axial à trois tellement il est difficile de trancher entre Nader Ghandri bon dans le jeu aérien mais limité dans le jeu au pied et Dylan Bronn, plus agressif et plus sûr dans le marquage à la culotte. Pour la paire de latéraux, la meilleure formule pour ce match est la titularisation de Mohamed Drager à droite pour sa combativité et son endurance dans un couloir où le danger sera constant et le maintien de Ali Abdi à gauche, un latéral moderne qui sait défendre, mais multiplier aussi les montées offensives et donner des solutions en attaque. La bonne transition défense-attaque part des latéraux qui constituent dans les grandes équipes les premières rampes de lancement des opérations offensives à partir de la base arrière. L’efficacité dans le travail défensif avec une défense à cinq ne doit pas faire oublier qu’il y a aussi un grand boulot à faire sur le plan offensif pour tempérer les ardeurs des Danois. Notre première ligne de défense doit donc être notre attaque, d’où la nécessité et la logique de se limiter à deux demis défensifs (Issa Laidouni et Elyès Skhiri) et de ne pas commettre l’erreur fatale d’un milieu à trois récupérateurs, et ce, pour libérer une place à un milieu offensif de plus qui sera un support de poids pour Youssef Msakni dans le travail d’approche et les manœuvres de percussion et de tirs au but aux alentours et à l’intérieur des 16 m 50. La balance penche dans ce match contre le Danemark pour Anis Ben Slimane qui évolue justement dans le championnat danois et connaît toutes les ficelles de jeu de ce coriace adversaire. Naim Sliti et Hannibal Mejbri seront les bonnes solutions de rechange en cours de jeu selon la physionomie et le résultat de la première mi-temps. Ce choix a un coût : sacrifier Wahbi Khazri qui est un pion très important sur l’échiquier de Jalel Kadri et dans tous ses plans de jeu, surtout que ce joueur peut dézoner sur les côtés pour écarter le système défensif adverse ou reculer d’un cran pour occuper parfaitement le rôle d’un 9,5, et faire venir le danger et parler la poudre de derrière. Un vrai casse-tête pour Jalel Kadri pour trouver la bonne composition du secteur chargé de l’animation offensive qui donnera l’équilibre nécessaire défense-attaque à un dispositif qui ne doit pas être déréglé à aucun moment de la partie. Ne pas se tromper d’approche de cette rencontre et de combat contre ces diables Rouge et Blanc sera la principale clé de réussite de ce premier examen.